mercredi 28 janvier 2009

Le challenge de Mitchell

Voici le commentaire d’un de mes lecteurs, berbère et Algérien, sur le futur de la Palestine :

Cher ami,

Je suis entièrement d'accord avec ton évaluation du président français Sarkozy, même si comme dans le passé, et comme tu le sais, je n'étais très chaud pour cet individu. Mais il a démontré cette dernière année qu'il a vraiment la stature d'un grand chef d'état, à l'image d'un de Gaule. Non seulement il a été très actif durant la dernière crise sanglante à Gaza mais il ne faut pas non plus oublier le rôle principal qu'il a joué au début et durant la crise économique et financière en Europe, après la débâcle financière américaine. Il a été le premier chef d'état européen a exiger une politique économique et financière globale pour toute l'Europe unie alors que l'Angleterre et même l'Allemagne étaient, au départ, farouchement contre toute action coordonnée de l'Union Européenne.

Pour ce qui est de Barak Obama et le conflit israélo-palestinien, je t'avoue que ne suis pas aussi optimiste que toi. Il ne fait aucun doute qu'il a vraiment l'intention de tout faire pour enfin régler ce problème dans l'intérêt de la sécurité de son pays à long terme. Mais il ne doit pas oublier que le plus grand lobby politique du monde est le lobby juif de New York. Obama a eu l'intelligence de désigner George Mitchell comme son envoyé spécial au Moyen-Orient. La carrière de cet individu a été exceptionnelle aussi bien au sénat américain mais aussi dans ses efforts pour aider Clinton à régler, une bonne fois pour toute, le problème de l'Irlande du nord. Et pourtant, le fait seulement que cet individu exceptionnel ait eu le malheur d'avoir comme mère une arabe d'origine libanaise, il est déjà considéré par un grand nombre d'Israéliens et bien entendu par le lobby juif de New York comme inacceptable car on pense qu’il ne peut pas être impartial dans ce conflit. Le fait que Mitchell soit chrétien, que son père soit chrétien et américain, qu'il soit accepté par la majorité du sénat américain comme « chairman », ne sont pas des raisons suffisantes pour effacer le seul fait que sa mère est d'origine libanaise.

A mon avis, Obama dans les années à venir aura d'énormes difficultés non seulement avec les républicains qui profiteront de toutes les occasions pour le détruire mais il y aura un grand nombre de démocrates, surtout du nord-est des USA, qui sont à la solde du lobby juif depuis toujours, pour faire dérailler ses ambitions au Moyen Orient. Après tout la paix ne profite pas du tout à l'état d'Israël

La paix au Moyen Orient ne peut pas venir des USA ou de l'Europe et encore moins d'Israël d'aujourd'hui. Elle ne viendra que le jour où les Palestiniens eux-mêmes la voudront réellement et se mobiliseront pour l'avoir. Et cette paix ne viendra certainement pas du reste du monde arabe, contrôlé par des régimes corrompus et sans foi ni loi.

Salutations amicales

Oubm….


Je ne suis pas d’accord que Mitchell soit handicapé par ses origines et qu’Israël ne veuille pas la paix. Il est difficile de croire que les Israéliens acceptent de vivre pour toujours avec l’épée de Damocles, que représente le Hamas, sur la tête. Ce qui m’inquiète davantage, c’est qu’Obama, dans son long discours d’introduction de son envoyé spécial Mitchell, a expliqué ses vues et les conditions qu’il jugeait nécessaires pour atteindre une paix signée et durable en Palestine et n’a fait que répéter en tout point la position de son prédécesseur GWBush. Il ne veut pas que le Hamas, élu par les Palestiniens, participe aux pourparlers futurs pour la paix. Il veut négocier avec le Fatah du président Mahmoud Abbas, qui est reconnu comme corrompu.

Je considère que c’est une erreur qui présage un conflit qui perdurera. Ce n’est que le jour où le président américain reconnaîtra que le Hamas est un mouvement de résistance que je commencerai à croire qu’une paix est possible. En Irlande, Mitchell à négocié avec le groupe terroriste l’IRA, ce que tout le monde disait impossible. En Palestine, Mitchell sait qu’il devra négocier surtout avec le Hamas. J’espère qu’il convaincra le président Obama de cette nécessité.

Claude Dupras

jeudi 22 janvier 2009

Obama et Sarkozy : un tandem unique

Nicolas Sarkozy a fait sa marque dans le monde depuis son élection à la présidence de la France. Devant le vide diplomatique résultant de l’inaction du président américain GWBush, Sarkozy a sauté et a agi pour trouver des solutions réalistes à des problèmes importants. Mon blog du 13 décembre dernier, « un-six-mois-hyperactif », décrivait les résultats de l’extraordinaire leadership de Sarkozy à la tête de l’Union Européenne.

Depuis la fin de ce mandat, Sarkozy n’a pas chômé. Il a, entre autres, convaincu le président égyptien Hosni Moubarak de son idée pour un cessez-le-feu à Gaza et l’a motivé de prendre l’initiative pour faire arrêter ce conflit. Moubarak a acquiescé et a invité Sarkozy à présider, conjointement avec lui, un sommet auquel participèrent secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, l'Allemagne, l'Espagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, la Turquie ainsi que la Jordanie. Les Israéliens les ont écoutés et ont consenti à faire taire leurs armes et à ramener toute leur armée dans leur caserne.

Ce n’était pas trop tôt, car plus de 1,240 Palestiniens sont morts, 22,000 bâtiments détruits, 50,000 Gazaouis sont sans logements, sans compter le grand nombre de blessés et les nombreux Palestiniens de tout âge qui seront marqués psychologiquement par ce carnage.

Cette entente n’est cependant pas permanente. Pour être définitive, elle ne pourra être négociée que si le Hamas, le représentant élu des Palestiniens, est reconnu comme un interlocuteur valable et participe aux négociations. Les USA de GWBush le qualifiaient, jusqu’à il y a trois jours, de mouvement « terroriste » alors que le Hamas se voit comme un mouvement de résistance. Espérons que la nouvelle administration américaine soit plus réaliste et astucieuse.

Le président Barack Obama veut rétablir la paix dans le monde et régler les grands conflits. Il veut que cessent les provocations inutiles entre pays. Il veut limiter les actions de l’armée américaine et compter davantage sur la diplomatie pour régler les problèmes. Dès sa troisième journée de pouvoir, il a nommé aujourd’hui deux représentants (envoys) spéciaux pour coordonner et négocier la paix au Proche-Orient et dans la région de l’Afghanistan et du Pakistan. C’est l’ex-sénateur Georges Mitchell qui a été choisi pour le Proche-Orient, celui-là même qui a négocié la paix en Irlande. C’est un très bon choix.

Ce que je regrette cependant, c’est qu’Obama dans sa longue élocution trop détaillée, au « State Department », n’a fait que répéter la politique de GWBush sur ce sujet. On en connaît les résultats négatifs. Je crois que ce faisant Obama a froissé inutilement le monde arabe. Il me semble qu’il aurait pu simplement dire qu’avec Mitchell, c’est un nouveau départ. Il aurait alors permis l’espoir que ce long conflit sera finalement réglé.

Par contre, il a dit, compter sur la collaboration des autres gouvernements car il sait que seuls les USA ne peuvent atteindre ses objectifs. Il a besoin d’alliés. Parmi eux, je vois en tête de liste, Nicolas Sarkozy.

L’Europe a compris, suite au leadership de Sarkozy, qu’il était temps de cesser ses divisions internes, politiques et diplomatiques, et d’agir avec une unité de pensée et d’action. Dans les derniers mois de GWBush, cette nouvelle force s’est imposée sur le plan international.

Nicolas Sarkozy, de son côté, s’est montré imaginatif, osé, persuasif avec des stratégies diplomatiques particulièrement efficaces. Il l’a démontré, enres autres, le 14 juillet dernier, en invitant à la tribune d’honneur, lors de la fête de la France, le président syrien Bachar al-Assad, qui était alors désigné par les USA comme un ennemi de l’Occident, en compagnie du premier ministre d'Israël Ehoud Olmert et du président Palestinien Mahmoud Abbas.

J’ai confiance qu’Obama reconnaisse l’aide précieuse que peut lui apporter Nicolas Sarkozy et qu’il saisira l’opportunité de travailler en tandem avec lui.

Claude Dupras







mardi 20 janvier 2009

Obama, son défi : prendre les bonnes décisions…

Il est enfin président. Quel décor, quelle foule, quelle cérémonie, quel discours ! Ce fut pour moi un moment rêvé. Barack Hossein Obama, nonobstant son nom et sa couleur, est devenu le président des USA.

J’aime le pays des Américains. Je les aime aussi et je les admire. C’est une terre de liberté, de justice, d’opportunités pour chacun de ses habitants, et un phare pour l’humanité. C’est un peuple inventif, créateur, intègre, généreux qui respecte le travail, la famille et craint Dieu.

Depuis la venue au pouvoir de GWBush, j’étais triste. Jour après jour je le voyais dilapider lentement et sûrement le bel héritage que lui avait laissé l’ex-président Bill Clinton. D’un pays riche, avec un surplus financier et une dette à sa mesure, avec des entrepreneurs imaginatifs dont ceux qui venaient de créer l’internet, un niveau de chômage bas, influent et applaudi dans le monde… l’Amérique est devenu un pays en guerre sur deux fronts, sans principe, corrompu, honni dans le monde, avec un chômage record, une dette doublée qui ne cesse de croître à pas de géant et qui se retrouve aujourd’hui sur le bord de l’abime d’une grande dépression. Quelle erreur les Américains ont fait en choisissant celui qui fut assermenté il y a huit ans ! Ils ont choisi alors le pire président de leur histoire.

Voilà Obama. Il a créé l’espoir nécessaire pour sortir son pays de la spirale descendante dans laquelle il est emporté. Il a parlé d’un changement en profondeur dans tous les domaines, avec conviction et a il été cru. Il est jeune, bien éduqué, simple, solide et a une femme, avec des qualités similaires aux siennes et prête à l’appuyer complètement. Il est mûr, vrai, motivant, entraînant, pragmatique et démontre de profondes qualités de chef. Il s’est donné, de l’avis de tous les observateurs américains, une très bonne équipe. En somme, il a tout pour bien réussir !

Mais la tâche est grande, je dirais même incommensurable et Obama arrive au pire moment.

Jamais depuis la dernière guerre mondiale, les USA se sont-ils retrouvés dans une telle situation. Elle me rappelle un peu celle qui accueillit Harry S. Truman qui devint président avant la fin de la guerre. C’était un homme qui n’avait aucunement les qualités d’Obama. Simple, réservé, avec un discours moche, il avait un minimum d’éducation. Propriétaire d’une mercerie au Missouri, où il vendait des cravates, il dut fermer boutique à cause de la grande dépression. À la recherche d’un salaire, il se lança en politique au niveau local. Il s’y fit remarquer par ses réalisations et sa grande honnêteté, dans une période où elle était presqu’inexistante en politique. Puis, avec le temps, il devint sénateur, au congrès américain, où il fit sa marque aux comités sénatoriaux, encore une fois à cause de l’honnêteté qui le caractérisait. Il fut élu candidat à la vice-présidence à la convention démocrate qui choisit à la présidence, pour une troisième fois (une exception), Franklin Delano Roosevelt. Ce dernier décéda avant la fin de son mandat et Truman se retrouva, à la surprise de tous, le nouveau président et cela en pleine guerre mondiale.

Truman était non seulement honnête mais savait écouter et était un homme de principe avec un jugement sûr.

À la fin de la guerre en Europe, il restait celle du Pacifique. Truman autorisa le lancement des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki et le Japon rendit les armes. Il décida de financer la reconstruction de l’Europe, démoli par les bombardements alliés et allemands. Il présida la renaissance économique des USA d’après-guerre. Son travail fut reconnu par les Américains qui l’élurent pour un deuxième mandat.

Truman a démontré qu’avec le gros bon sens, l’honnêteté, les principes et un bon jugement, de bonnes décisions peuvent être prises pour bien diriger un pays. C’est ce qui manqua à GWBush qui pourtant était un diplômé de Yale.

Obama motivera et entraînera son peuple. Il sera un « cheerleader » hors pair. Déjà, par son discours inaugural, il a cherché à leur démontrer que l’avenir sera dur et à les convaincre de réagir avec courage comme ont fait leurs ancêtres. Mais ce que j’attends surtout de lui c’est qu’il prenne « les bonnes décisions ».

Bonne chance président Obama.

Claude Dupras

vendredi 16 janvier 2009

OUI, au financement des partis politiques

Le PM canadien Harper est vraiment surprenant. Il y a à peine quelques jours, il a repris sa thèse pour l’abolition du financement des partis politiques canadiens par l’État. C’est la même proposition qui a crée le grand émoi de décembre 2008 lorsque les partis d’opposition à la Chambre des Communes, qui ensemble sont majoritaires, ont formé une coalition pour renverser le gouvernement. Cela a déclenché une crise politique importante et n’eut été de la décision de la gouverneure générale, le gouvernement Harper serait renversé et remplacé.

C’est pour éliminer le favoritisme, le « patronage », et la corruption que le gouvernement québécois de René Lévesque a institué la pratique du financement des partis par l’État. Le résultat est exceptionnel. L’ex-PM Chrétien a fait de même en appliquant une telle loi au niveau fédéral, dans les mois qui ont précédé son départ de la scène politique fédérale.

Comme j’ai expliqué dans un blog précédent, l’abolition immédiate de cette loi créerait un préjudice grave et injuste aux partis de l’opposition qui ont actuellement des problèmes majeurs de financement privé. Une bonne démocratie fonctionne mieux avec une opposition qui est forte et bien organisée.

Certains argumentent que la loi Chrétien est ridicule puisqu’elle favorise les séparatistes. En effet, le Bloc Québécois qui regroupe plus de 60 % des députés québécois et qui a été crée pour promouvoir la souveraineté du Québec et sa séparation du pays, reçoit plus de 4 millions de $ par an pour ses besoins de recherches et de secrétariat. Le parti Vert qui n’a pas de députés reçoit aussi plus de 1,5 millions de $ par an. Sans cela, ces deux partis auraient des problèmes majeurs car leurs sources de financement privé sont limitées.

Je dis que le financement des partis politiques est le prix qu’il faut payer pour avoir une vraie démocratie au Canada. Il est normal et bon que toutes les opinions soient représentées à la Chambre des Communes et que le débat sur la place publique sur les grandes questions soit le plus sérieux possible grâce à l’expression de toutes les tendances. Le parti Vert, par exemple, qui est à la fine pointe du débat sur le réchauffement climatique aurait été moins présent et efficace s’il n’avait pu bénéficier du financement fédéral (le montant est basé sur le nombre de votes obtenus par un parti à la dernière élection).

Si le financement public est éliminé, c’est le lobbysme qui prendra le dessus et il trouvera moyen de financer les partis qui comptent pour eux. On le voit aux USA où le lobbysme est omniprésent et graisse sans cesse les partis et les politiciens pour obtenir leur faveur. Le président élu Obama, qui a pu, grâce à l’obamanie, financer sa campagne sans l’apport des lobbystes, a promis de les mettre à leur place car ils sont devenus une plaie envahissante pour la politique américaine. Au Canada, depuis quelques années, les lobbystes prennent de plus en plus de place comme nous en avons été témoin dans l’affaire Airbus.

Si le PM Harper veut revenir à la case de départ et engager le Canada à nouveau dans ce débat, il fera une erreur qu’il regrettera. Depuis sa venue au pouvoir, il nous a démontré son manque d’imagination en devenant le champion du « copier-coller » des politiques conservatrices de GWBush. Puisqu’il semble ne pas pouvoir faire autrement, j’espère qu’il continuera avec cette façon de procéder en faisant de même avec les politiques d’Obama. Ainsi le Canada reprendra son vrai rôle dans le monde et les Canadiens auront un gouvernement qui les servira mieux.

Claude Dupras

mercredi 14 janvier 2009

Non aux droits de la personne.

Depuis quelques jours, une courte dépêche a attiré mon attention :

Le Canada vote NON

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a convoqué, avant-hier, ses membres à une session extraordinaire d’urgence à Genève dans le but de mandater une mission internationale indépendante pour aller dans la bande de Gaza afin d’établir les faits de ce qui se passe. Le Conseil soupçonne qu’il y a de « graves violations des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé, et suite à la récente agression dans la bande de Gaza occupée ». Les 47 membres présents ont voté une résolution à cet effet. Le vote m’a surpris et désappointé : 33 pays ont voté POUR, 13 pays se sont abstenus dont la Suisse, la France et la Grande Bretagne, et un pays, le Canada, a voté CONTRE.

Seul mon pays a refusé cette résolution. J’en ai honte et j’assure mes lecteurs, d’où qu’ils soient, que cette décision du gouvernement conservateur de mon pays n’a rien à voir avec l’opinion de la grande majorité de notre population. Le Canada aurait pu au minimum s’abstenir comme les autres pays européens, mais non.

Notre pays, ex-leader du monde dans le domaine des droits des individus, se veut maintenant, à cause du parti conservateur qui le dirige, être un leader de l’unilatéralisme, de la ligne dure. Que 1,000 palestiniens soient morts dont près de 30% d’enfants, il s’en fout. Il se démarque maintenant comme un leader de l’extrême droite dans le monde. D’ailleurs, il a montré ses couleurs lorsque son ministre de la justice a proposé au parlement canadien des amendements aux lois existantes, que l’on peut qualifier de fascistes.

L’ex-PM progressiste-conservateur canadien John Diefenbaker qui a fait voter, en 1960, un projet de loi pour la première « Déclaration canadienne des droits des citoyens canadiens », et l’ex-PM libéral Pierre-Elliot Trudeau qui a continué dans ce sens en faisant adopter « la Charte canadienne des droits et libertés », doivent se retourner dans leur tombe.

Claude Dupras

samedi 10 janvier 2009

Et les Palestiniens, eux ?

Ce n’est pas drôle de vivre en Israël, du moins au nord et au sud du pays où les roquettes du Hamas pleuvent sur la tête des Israéliens. Je n’aimerais pas vivre, jour après jour, dans la hantise qu’un tel projectile tombe sur ma famille, mes amis, mes voisins, mes concitoyens. Je comprends les Israéliens d’en avoir assez de ce climat de panique et de réagir en appuyant leur gouvernement qui prend les grands moyens pour faire cesser ce danger, cette peur collective. Nous ferions de même car il est normal de vouloir se défendre contre une telle violence. Cependant la question n’est pas là, car le passé nous dit que ce ne sont pas les présentes attaques d’Israël et l’invasion de Gaza qui règleront définitivement ce problème. Je crains que les Israéliens soient à nouveau frustrés lorsque le cessez-le-feu sera déclaré car la résistance palestinienne ne cessera pas son harcèlement.

La bande de Gaza est un territoire équivalent à la moitié de la ville de Montréal et compte 1,5 millions d’habitants. La très grande majorité de ses habitants est très pauvre et nourrie au compte-goutte au bon vouloir des Israéliens. Captif à l’intérieur des limites du territoire, ce peuple palestinien en est un de « réfugiés, d’assiégés, de dépossédés » qui n’a pas droit d’avoir une armée. Il n’a pour se faire valoir que des roquettes artisanales, des mitraillettes russes, des explosifs et des pierres. Il fait face à Israël qui est riche et qui a les armements militaires les plus modernes et la bombe atomique. Ce n’est pas un peuple de terroristes mais un peuple qui conteste la main mise d’Israël sur son territoire par une résistance qui utilise des moyens clandestins terrorisants pour reprendre ses droits, arrêter le carnage et pouvoir vivre éventuellement en liberté. Ce n’est pas un peuple assoiffé de sang.

Le Hamas est l’outil qu’il s’est donné démocratiquement pour le représenter, dans une élection organisée par les américains et que les observateurs mondiaux avaient jugée conforme aux règles internationales. Le Hamas est islamiste tout comme le sont des dizaines d’États dans le monde. Sa stratégie de résistance meurtrière est discutable et critiquée. Les USA de GWBush, ne voulant pas faire la part des choses, le qualifient de terroriste et cela a eu comme conséquence que le Hamas ne fut pas invité aux récents pourparlers de paix alors qu’il était essentiel qu’il y soit.

Le conflit existait depuis longtemps avant la création d’Israël qui est venue renverser le vase. Les juifs qui sortaient de la Shoah ont obtenu un pays en 1948, par une mince majorité à l’ONU. Pour les Palestiniens, cette décision fut un bouleversement sans pareil, un cataclysme. Craintifs, un très grand nombre d’arabes, vivant sur le territoire assigné à Israël, crurent sage de se réfugier, entre autres, à Gaza, tout en espérant revenir un jour à leur propriété dans le nouveau Israël. Cela ne se concrétisa pas et les refugiés sont encore des réfugiés après 60 ans.

Les Palestiniens ont manifesté contre ce qu’ils qualifient d’une injustice envers eux et ont sans cesse exprimé leur désaccord, souvent violemment, au point que l’armée israélienne, en 1967, entreprit une guerre et conquit tout le territoire palestinien. Selon le droit international, cette occupation donnait aux Palestiniens « le droit inaliénable de résister » pour reprendre leurs terres. Cela dure encore aujourd’hui et le problème s’accentue car de nouvelles colonies juives sont toujours construites sur les territoires occupés où y vivent maintenant des milliers de familles israélites.

Ce n’est que le jour où les représentants Palestiniens, le Fatah et le Hamas, et ceux d’Israël accepteront de faire les compromis qui colleront à la réalité de leur histoire et signeront une entente définitive de paix que les deux nations protagonistes pourront vivre normalement.

Certains diront que c’est rêver en couleur puisque jamais le Hamas ne voudra faire la paix avec Israël car il veut l’anéantir, le faire disparaître. Le Hamas reconnaît que ses affirmations passées, répétées encore aujourd’hui par certains leaders, sont insensées et irréalistes. Il se dit maintenant prêt à accepter les limites territoriales d’avant 1967. C’est son premier ministre et un des leaders du Hamas, Ismail Haniya, qui a admis, récemment, que le Hamas est à un point tournant et, même s’il doit conserver approximativement le même discours idéologique, modifie sa politique. Haniya affirme que le Hamas veut renoncer à la violence et reconnaître à Israël le droit d’exister en retour de la reconnaissance par Israël d’un État palestinien dans les frontières de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Selon les observateurs, ces déclarations marquent un changement de cap remarquable et, à mon point de vue, démontrent que le Hamas doit participer aux prochains pourparlers de paix. On saura alors s’il « bluff ».

Que ferions-nous si nous étions Israéliens ? Que ferions-nous si nous étions Palestiniens ? Posons-nous la question.

Claude Dupras

jeudi 8 janvier 2009

L’opinion d’une Israélienne

Suite à mon dernier blog, « Une guerre politique en Israël ? », une israélienne m’a écrit un message qui, je pense, exprime l’opinion de monsieur ou madame tout-le-monde en Israël. Croyant important que les sentiments de chacun soient connus afin de nous permettre de prendre une position la plus éclairée possible sur le conflit qui perdure dans la bande de Gaza, j’ai pensé publier son message. Le voici :

« Bonjour Claude

Permettez-moi juste quelques petites corrections, étant donné que dans les médias l’image que l’on publie d’Israël n’est pas toujours vraie.

NON, ce n’est pas à cause des élections que notre gouvernement a fait une riposte contre le Hamas. C’est le premier ministre Ehoud Olmert qui a pris la décision finale. Je vous rappelle qu’Olmert quitte son poste définitivement dans un mois.

Ici en Israël, il y a une question de survie et notre gouvernement est très sensible à la vie de chacun de nos soldats et citoyens, étant donné qu’eux-mêmes ont des enfants qui sont enrôlés dans l’armée. Donc, ce ne sera JAMAIS à cause d’élections que l’on va risquer la vie de nos soldats.

Paix durable avec l’Égypte ????? Je veux bien vous croire, mais où était-elle pendant que le Hamas a fait partir de son territoire pendant de nombreuses années des milliers et des milliers de missiles ??? Et voilà maintenant que le président Moubarak devenu comme par enchantement médiateur ! Est-ce çà la paix durable pour vous ?

Je vous rappelle qu’Israël ne combat pas contre une armée normale, mais contre un groupe TERRORISTE, du Hamas et du Hezbollah, et surtout contre l’Iran qui veulent faire de Gaza un deuxième Liban, ce qui veut dire une menace contre Israël.

Où étaient les médias, et même vous Claude, pendant que la ville sud de Sderot était attaquée par des missiles pendant 8 ans ? Pourquoi n’avez-vous pas fait entendre votre voix???? Où était le monde durant ces 8 années ? C’est marrant mais à chaque fois que l’on veut se défendre, le monde se réveille et encore la routine reprend, les manifestations, etc.. etc.

Je crois aux pourparlers comme vous pour une paix durable, mais avec QUI ? Avec des extrémistes religieux et terroristes ?

Je considère que cette attaque contre Gaza est comme une guerre mondiale contre le terrorisme. Nous y sommes tous impliqués, hélas, vous autres au Canada aussi. Je vous rappelle qu’en Ontario un groupe de 14 extrémistes islamiques a été arrêté par la police. Ce groupe avait planifié de faire une attaque terroriste de la même ampleur que celle du 11 septembre, mais grâce à la vigilance de votre gouvernement, une catastrophe a été évitée. Vous avez aussi des pertes dont 107 soldats en Afghanistan, c’est énorme et touchant à la fois.

Ici en Israël, on ne peut se permettre de jouer à l’autruche. Voyez ce qui se passe au Liban, avez-vous connu le Liban d’avant-guerre ? Je vais vous dire que c’était une petite perle, ici au Moyen-Orient, un peuple magnifique qui a été dévasté et envahi par le Hezbollah, la Syrie et bien entendu l’Iran qui tire les fils de marionnettes de loin. Ce matin, il y a eu des mortiers par le Hezbollah vers le nord d’Israël, alors qu’il y a eu un cessez-le-feu en 2006.

Je n’appartiens à aucun clan, ni de gauche ou droite, je suis laïque comme la majorité ici, mais je suis réaliste et consciente du danger qui nous menace constamment, jour après jour, et triste aussi à la fois de ne pas savoir quand ce conflit prendra fin, avec une paix réelle.

Au plaisir »


Je commenterai ce message dans mon prochain blog.

Claude Dupras

dimanche 4 janvier 2009

Une opération politique en Israël ?

La décision des autorités politiques d’Israël d’envahir le territoire de Gaza avec son armée est une tactique qui créera davantage de tensions au Proche-Orient et n’apportera rien à la solution de paix tant recherchée par les peuples israélien et palestinien.

Pourquoi cette stratégie, alors que la violence des bombardements agressifs sur la population civile palestinienne et maintenant l’invasion terrestre sont indéfendables ? Les dirigeants israéliens ne savent-ils pas que les cent ans d’histoire de ce conflit enseignent que jamais les Palestiniens ne se soumettront.

Comment peuvent-ils penser que ce peuple qui souffre depuis si longtemps, qui a affronté la force militaire israélienne avec des pierres et des frondes, qui a fait de ses jeunes porteurs de bombes des martyrs de la nation, acceptera maintenant de se mettre à genoux devant Israël ? Les Palestiniens se rappellent ceux des leurs qui sont devenus des réfugiés dans leur propre pays, ceux qui ont perdu leur maison, ce qui leur est arrivé depuis « la guerre des six jours », le manque d’électricité, d’eau, de nourriture à cause des fermetures des frontières, de services essentiels à cause des nombreux bombardements et les multiples rencontres et négociations internationales qui n’ont rien réglé. Ils ont résisté à ce jour et plus ils seront punis, écrasés et humiliés plus ils résisteront car ils n’ont pour armes, que la résistance nationale pour retrouver la justice et leur fierté. Je ne peux croire que les dirigeants israéliens ne comprennent pas cela.

On peut se demander si cette nouvelle guerre n’est pas en fait une guerre politique. On sait qu’il y aura des élections nationales en Israël le 10 février prochain et que le parti d’opposition, le Likoud de droite, est en avant dans les sondages. Pour reprendre le chemin perdu, la coalition du pouvoir, qui a déclenché l’opération militaire, a-t-elle cru celle-ci nécessaire afin de regagner la faveur de l’électorat en lui démontrant qu’elle est prête à tout faire pour le protéger ? C’est une question que l’on peut se poser.

Il est délicat d’écrire sur ce sujet car les réactions sont vives des deux côtés. Je l’ai ressenti dans les commentaires que j’ai reçus suite à mon dernier blog comme celui, écrit par une israélienne qui a perdu toute sa famille pendant la Shoah. Je la comprends lorsqu’elle affirme ne voir en les Palestiniens que des ennemis qui veulent la fin de l’État d’Israël. Je réagirais probablement de même si j’étais à sa place.

Il faut s’opposer au lancement des roquettes artisanales par le Hamas sur la population civile israélienne. On ne peut vivre ainsi. Mais je ne crois pas que c’est avec leurs roquettes que les Palestiniens élimineront Israël. Les Israéliens et les Palestiniens méritent la paix et seules de vraies négociations avec les vrais leaders de ces nations apporteront une vraie solution à ce conflit. C’est la seule porte pour Israël qui malgré toutes ses actions de force passées contre les Palestiniens, dont le bombardement du quartier général de l’ex-chef Yasser Arafat que nous ne pouvons oublier, n’a jamais réussi à éteindre la résistance palestinienne.

Les ennemis jurés, Anwar al Sadat, président d’Égypte, et Menachem Begin, premier ministre d’Israël, ont réussi à signer en 1979, grâce à la négociation engagée avec le président américain Jimmy Carter à Camp David, une entente de paix durable entre leurs deux pays. Pourquoi un tel accord ne serait-il pas possible aujourd’hui avec l’initiative du nouveau président Barack Obama et les chefs de la Palestine et d’Israël ?

Claude Dupras