jeudi 30 avril 2009

La mascarade électorale algérienne

J’ai toujours affirmé qu’il n’y avait pas de réelle démocratie dans l’Algérie d’aujourd’hui. Depuis le FLN de Boumediene, le système politique s’est transformé de socialiste et totalitaire à pseudo-capitaliste, mais la direction de l’État est demeurée dans les mains des mêmes individus de l’ancien régime.

Suite à mon récent blog, j’ai reçu les commentaires d’un Algérien qui vient de vivre la dernière campagne électorale présidentielle de son pays qui démontre bien que l’Algérie vit une pseudo-démocratie.

Voici l’opinion :

« Je veux vous donner mes observations sur la récente mascarade nationale des élections présidentielles en Algérie.

Avant même les élections, j'avais prédit que Bouteflika allait être déclaré vainqueur de ces élections avec 92% des suffrages exprimés. Après tout, Bouteflika ne pouvait pas faire moins que ses acolytes comme Moubarak d'Égypte et le président éternel de la pauvre Tunisie, dont je n'arrive même pas à me rappeler le nom.
Et, ce qui est vraiment tragique c'est que le régime de Bouteflika n'avait même pas à truquer les élections du fait qu'il n'avait pas du tout d'opposants en lisse. Ceci étant dit, il ne fait pas de doute que la grande majorité de la population algérienne ne s'est pas rendue aux urnes le jour du vote.

De toute ma famille en Algérie, seules ma sœur et ma belle-sœur se sont données la peine d'aller voter. Et toutes les deux m'ont juré que les bureaux de vote étaient pratiquement vides. Et le soir, nous avons appris officiellement que le taux de participation à Alger dépassait les 90%; quel culot!!!!!

Et les irrégularités ne se comptent plus sur les 10 doigts. Il paraît, par exemple, qu'à Blida, le Wally (le préfet de la province) a fermé tous les bureaux de vote à 16 heures, chassé tous les responsables des élections et s'est donné le plaisir de remplir toutes les urnes pour faire plaisir à son Émir, Bouteflika. Et vive la démocratie occidentale à l'algérienne !

Et ce qui m'a encore le plus étonné, c'est la réaction officielle de la France et de ses mass-médias. Tout juste si la France n'a pas déclaré la victoire de Bouteflika comme une fête nationale française.

Ceci étant dit, j’avoue que l'Algérie d'aujourd'hui ne pouvait pas trouver quelqu'un de mieux que Bouteflika, malgré toutes ses défaillances surtout morales. Que je le veuille ou pas, Bouteflika a tout de même réussi à acheter toute la mouvance islamiste en Algérie. Le terrorisme des années 90 a complètement disparu de la scène. La manne pétrolière aidante Bouteflika a réussi à maintenir une paix sociale très fragile, jusqu'à présent du moins.

Mais l'économie algérienne n'a jamais été aussi malade qu'aujourd'hui. Il n'y a pratiquement plus d'activité industrielle. Les entreprises publiques, construites à coût de milliards de $, sont en grande majorité fermées. Le secteur privé est pratiquement inexistant dans ce secteur. Les seules activités vibrantes depuis plus de 5 ans sont liées aux importations payées par les recettes pétrolières. L'Algérie de 2009, à mon avis, est plus dépendante de la rente pétrolière que même les pays arabes du golf.

Mais ce qui me chagrine le plus c'est l'absence totale de vie politique en Algérie. Qui aurait pensé que ce peuple, qui débattait tout et rien aussi bien avant la guerre de libération que durant le régime de Boumediene même, se retrouve aujourd'hui complètement anesthésié à tel point qu'il n'y a même pas une seule personne politique en Algérie capable de poser les vrais problèmes que notre société doit un jour ou l'autre gérer.

J'ai l'impression que nous devons attendre la fin de toutes les générations qui ont vu, de près ou de loin, la guerre de libération pour qu'enfin les Algériens commencent à se prendre en charge une fois de plus.

Merci.
»

On voit bien que l’Algérie est dans la lignée des autres pays arabes et musulmans du Maghreb et des alentours. Il semble, comme le dit si bien cet Algérien, que ce ne sont que les prochaines générations qui pourront changer la culture politique qui règne en maître aujourd’hui dans tous ces pays.

Claude Dupras

mercredi 29 avril 2009

Le comportement de l’Occident

Quelques uns de mes lecteurs me demandent pourquoi j’adresse si souvent la question des Arabes et des Musulmans dans mes blogs. Mon intérêt pour cette partie du monde vient du temps de ma carrière d’ingénieur-conseil durant laquelle j’ai œuvré plus de 7 ans en Algérie, dans les années ’70. J’ai eu l’occasion alors d’apprendre à bien connaître ce pays, les actions de ses chefs politiques (le gouvernement Boumediene dirigeait alors le pays), sa population et de me faire de nombreux amis. Malgré le système politique soviétisé de ce gouvernement, avec lequel je n’étais pas d’accord, j’ai pu constater qu’il y avait là, à ce moment-là, un grand nombre d’individus bien instruits, enthousiastes, patriotes et sincères qui travaillaient ardemment depuis 1962 à créer leur nouveau pays. L’ambiance était remarquable et prometteuse.

Suite aux évènements du 11 septembre 2001, la réaction américaine a été vive et défendable, mais avec le temps elle a dégénéré en une politique qui ne respecte plus les masses musulmanes et ne vise qu’à trouver les chefs d’Al-Qaeda, advienne que pourra. C’est devenu insensé, choquant et contre-productif. Heureusement, aujourd’hui, Obama veut changer la donne.

Pour moi, les Musulmans sont des gens comme nous, qui aiment autant leur famille que nous et qui visent à donner à leurs enfants toutes les chances possibles pour bien vivre et vaincre la vie. Je cherche donc à remettre, un peu, les pendules à l’heure en rappelant que les Musulmans ont les mêmes droits comme être humain que nous et qu’ils sont libres d’agir comme ils l’entendent. Je respecte cela et je pense que nous n’avons pas à leur dire ce qu’il faut faire !

Plusieurs gens d’ici, comme d’ailleurs, critiquent la religion musulmane mais oublient qu’il n’y a pas tellement longtemps les femmes au Québec n’avaient pas droit de vote à cause de l’Église catholique, que cette dernière s’opposait à l’école obligatoire jusqu’à 14 ans, que les curés forçaient les femmes mariés d’enfanter, sous peine de ne pas leur donner l’absolution, et que plusieurs en mourraient, et encore…. (je pourrais remplir cette page avec la description des simagrées que notre religion nous a fait faire).

Suite à mon blogue « Obama et les Musulmans » mon ami algérien Mansour, correspondant de longue date, m’a envoyé un message pour me dire son accord avec le fond de mon texte et élaborer davantage sa pensée. J’ai cru utile pour mes lecteurs de l’inclure ici. Le voici :

« Je suis très content de lire tes positions concernant le comportement du monde occidental vis-à-vis de la représentativité politique des mouvances islamiques à travers le monde arabe et musulman du monde.

N'est-il pas temps pour ce beau monde occidental, toujours prêt à donner des leçons de morale universelle, de faire un diagnostic sérieux des origines de l'émergence des mouvements politiques d’islamistes à travers le monde ? N'est-il pas temps de reconnaître que tous les problèmes que nous devons gérer aujourd'hui ont commencé avec la création de l'État d'Israël sur le dos des pauvres Palestiniens, qui n'avaient jamais rien fait de mal aux juifs du monde ?

Et pour assurer la survie de cet État construit de toutes pièces par l'Angleterre, les USA et la France en particulier; tout le monde occidental s'est mobilisé à ce jour pour pratiquement interdire toute vie politique saine à travers le monde arabe en particulier. Tous les régimes politiques arabes qui sont toujours au pouvoir sont des créations de ce monde occidental, qui par ailleurs les défend au nom de la liberté universelle de toutes les sociétés à choisir leurs dirigeants politiques. Je me demande combien les Saoudiens ou les Égyptiens, encore moins les Marocains ou les Algériens ont la liberté de choisir leurs futurs leaders politiques.

Et si la civilisation occidentale croit profondément à la démocratie, telle qu'elle est appliquée dans le monde civilisé, comment peut-on expliquer l'indifférence totale que cette civilisation vis-à-vis des mouvements réellement démocratiques qui essaient de survivre tant bien que mal à travers le monde arabe à ce jour ? Quel a été le comportement de tout le monde occidental durant les années d'enfer que l'Algérie a connu durant la décennie 90 ? Je me souviens que des centaines de jeunes algériens tous fondamentalement imbibés de la culture française, se sont retrouve interdits de séjour en Europe ou en Amérique du nord, alors que des milliers de terroristes notoires islamistes étaient reçus avec les bras ouverts.

Comment peut-on m'expliquer que le FIS des années 90 était un symbole de l'émergence de la démocratie en Algérie et qu'aujourd'hui Al-Qaeda, qui n'a pas fait un dixième du mal que le FIS est devenu après avoir été banni par l’armée algérienne, tout d'un coup l'ennemi public numéro un de toute l'humanité ?

Aujourd'hui, le monde occidental dépense des centaines de milliards de dollars pour soi-disant combattre l'islamisme international, mais je ne vois aucune initiative occidentale pour aider et promouvoir les mouvements réellement démocratiques dans le monde arabe et musulman. Où sont les actions diplomatiques, politiques ou économiques du monde occidental pour enfin mettre fin à tous ces régimes corrompus du monde arabe ? »


Mansour pose plusieurs questions importantes qui révèlent bien l’état de la situation actuelle de nos relations avec les pays arabes et musulmans.

Claude Dupras

lundi 27 avril 2009

Obama et les Musulmans

Les déclarations de bonnes intentions du président Barack Obama envers le monde entier ont fait de lui l’homme politique américain le plus populaire de la planète. C’est une grosse bouffée d’air frais après la période GWBush. Il semble qu’Obama ait prescrit une dose soporifique à toute l’humanité, des USA en passant par l’Europe, les Amériques et même le monde musulman. Il faut avoir des échos de Paris, d’Alger, du Caire, de Caracas, de Saigon et, il me semble de partout, d’ailleurs, pour s’en rendre compte. Les messages que je reçois d’internautes, suite à mon dernier blog « Obama, le magnifique », me le confirment. Tout juste, si tous croient, dur comme fer, qu’Obama est capable de marcher à travers les océans. Mais il lui reste à faire la preuve que ses déclarations déboucheront sur des changements réels de la stratégie géopolitique globale des USA.

Hier, Hillary Clinton, en visite au Liban, a félicité ce pays pour sa pluralité politique. Cependant, elle n’a pas hésité à dénoncer tous les partis islamiques de l’opposition de gauche, comme le Hezbollah, qu’elle dit être supporté par la Syrie et l’Iran. Plus encore, la seule visite officielle, qu’elle s’est autorisée, a été avec le fils de l’ex-premier ministre Rafiq al Hariri qui avait été assassiné à cause de ses positions pro-Israël et anti-arabe. J’ai constaté que l’envoyé spécial d’Obama pour le Moyen-Orient, l’ex-sénateur George J. Mitchell d’origine libanaise, n’y était pas. Il travaille tellement dans l’ombre, celui-là, que l’on se demande s’il est toujours vivant ou pas.

Les Musulmans remarquent ces détails et demeurent avec l’impression que ceux-ci découlent de l’influence de l’entourage du président (Hillary Clinton, son chef de cabinet, son conseiller économique Lawrence Summers et le secrétaire du trésor) trop près du lobby juif de New York. Ils craignent qu’en définitive rien ne changera.

Lors de son récent voyage, le président Obama a salué la démocratie de la Turquie malgré le fait que ce soit un parti islamique qui est au pouvoir depuis 10 ans. Quant aux islamistes pakistanais et iraniens, il semble dire qu’ils doivent être contrecarrés par tous les moyens. Les islamistes turques ont pris le pouvoir en réaction contre les régimes corrompus pseudo-démocratiques du passé qui ne servaient que leurs patrons étrangers (américains et anglais en particulier) durant toute la guerre froide. Depuis, des mouvements islamiques ont pris vie à travers le monde arabe et musulman à cause de conditions similaires dans leur pays respectif.

L’Afghanistan et le Pakistan sont les premiers exemples concrets de la politique d’Obama. Son comportement vis-à-vis ces pays me surprend et me désappointe. De base, je me suis toujours opposé à la guerre en Afghanistan. J’ai dénoncé maintes fois l’engagement du Canada dans ce coin du monde où la guerre par des étrangers est ingagnable. L’Histoire le démontre clairement et ce ne sont pas les Américains, même avec Obama à leur tête, qui viendront changer ce fait.

La progression des islamistes au Pakistan, ces derniers jours, démontre clairement que les Américains n’y comprennent rien. Ces derniers en sont rendus à vouloir provoquer une guerre civile dans ce pays pour lutter contre les Talibans tout en refusant de constater que les Pakistanais en ont « plein le casque » de la corruption pratiquée par leur élite politique qui a ruiné leur pays depuis les 60 dernières années. Quant à la corruption du gouvernement afghan de Karzaï, elle est tellement évidente que de tous côtés sa démission est réclamée, mais il est toujours là. Il sera à nouveau candidat à la présidence lors de la prochaine élection en août et, pour l’emporter, il a commencé à s’approcher des islamistes radicaux en promulguant des lois les satisfaisant, même au détriment des femmes.

La sincérité d’Obama passe par sa reconnaissance que les partis politiques islamiques à travers le monde peuvent être légitimes et qu’ils ont droit, par ce fait même, de participer aux élections de leurs pays et d’être reconnus gagnants, s’ils le sont. Cela n’empêchera pas la démocratie si elle est protégée par la constitution de ces pays. La Turquie est un exemple frappant. Par contre, l’armée algérienne qui a refusé de reconnaître l’élection démocratique du Front Islamique du Salut, en 1991, a fait vivre aux Algériens un enfer qui n’a pris fin qu’après des tueries revanchardes de près de 200,000 individus. Depuis, on peut légitimement douter de la nature de la démocratie en Algérie.

Il y a une valeur universelle qui est indiscutable, c’est le droit illimité d’association sociale et politique des individus. Si un mouvement politique islamique a l’oreille de sa société, je ne vois pas pourquoi, nous, du monde occidental, aurions le droit de lui interdire de défendre ses idées et de diriger son pays, s’il est élu normalement. Le président Barack Obama a assuré les Musulmans qu’il ne ferait pas la guerre à l’Islam. Il reste à leur confirmer que les USA respecteront leurs choix démocratiques de leaders et de régime politique. Je ne serais pas surpris qu’il le fasse.

Claude Dupras

mardi 21 avril 2009

Sarkozy, la cible

Le président français est pris dans un tourbillon journalistique qui prend de plus en plus de vitesse. Pourtant, il n’en est pas responsable.

L’article de Christian Rioux, chroniqueur du journal Le Devoir à Paris, m’a poussé à écrire ce blog. En ce mardi, il traite de la supposée injure qu’aurait lancée le président français Nicolas Sarkozy en direction du premier ministre espagnol. J’ai suivi ce débat depuis quelques jours et je crois que Rioux se montre partisan et ne renseigne pas bien ses lecteurs.

Tout a commencé par un article du journal socialiste Libération qui, après avoir recoupé des commentaires du président français lors d’une rencontre avec 24 députés et sénateurs français de toutes tendances politiques, lui a fait dire, à la une du journal, que le premier ministre espagnol Luis Zapatero n’était « peut–être pas intelligent ». Dès la parution de l’article, l’Élysée a nié la chose tout comme plusieurs sénateurs et députés socialistes présents qui ont aussi affirmé que le président français n’avait jamais proféré une telle bêtise.

L’éditorialiste de Libération, Laurent Joffrin, au lieu de prendre acte du faux pas de son journal, en a mis encore plus. Je lis régulièrement ce journal et j’assure mes lecteurs qu’il s’oppose à tout et à rien si cela concerne Sarkozy. Les porte-paroles de l’UMP, le parti de Sarkozy, n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère en le défendant de ces accusations mensongères. Ils ont attaqué férocement Libération en le qualifiant de journal en perte de vitesse, de lecteurs et d’argent. Le malheur c’est que c’est vrai et c’est cela qui choque davantage Joffrin et ses comparses.

Depuis, certains journalistes ont regroupé tous les articles de presse sur des brins de déclarations passées de Sarkozy envers les leaders étrangers et y ont donné une saveur exagérément négative dans leurs reportages. Cela a fait boule de neige et aujourd’hui la presse étrangère en conclut que le président Sarkozy est un homme qui sait manier l’art de l’injure. Son image internationale en est ternie. C’est justement ce que visait le parti socialiste. Incapable de présenter un programme politique pouvant rivaliser avec celui de Sarkozy, l’opposition socialiste française a opté pour le salir et ne manque jamais une occasion de le faire démesurément. Elle a finalement trouvé un créneau qui peut lui faire un grand tort.

On dit, par exemple, qu’il a insulté le chef du Bloc et du parti Québécois, ce qui est faux car il n’a que donné son opinion sur les relations fédérales-provinciales canadiennes. On dit qu’il a dû s’excuser envers le PM anglais Gordon Brown, alors qu’il n’a fait qu’une mise au point sur sa déclaration à l’effet qu’il n’était pas d’accord pour appliquer en France le genre de programme de stimuli pour l’économie proposé par Brown pour le Royaume-Uni. On dit qu’il aurait affirmé que le président Obama avait beaucoup de qualités mais qu’il n’avait jamais dirigé un ministère. S’il l’a dit, c’est vrai. Mais certains journalistes en déduisent que Sarkozy cherche à réduire la stature d’Obama parce qu’il lui en veut d’avoir éclipsé sa réputation de « sauveur du monde ». Comme si un homme politique de la trempe de Sarkozy peut perdre son temps à dire de telles sornettes.

Tour à tour, les journaux du monde reprennent la nouvelle et l’amplifient chacun à leur gré et elle devient encore plus fracassante. Parmi eux on retrouve : The Guardian de Londres, ABC de Madrid, New York Times, Le Devoir… La bulle grossit de plus en plus. On ne sait plus ce qui est vrai ou ce qui est faux et les lecteurs sont de plus en plus trompés.

En France, même Jack Lang, l’ex-ministre socialiste de la culture, a accepté les explications de l’Elysée et est de plus intervenu pour dénoncer Ségolène Royal qui a cru bon faire des excuses publiques à Zapatero en rapport avec la déclaration de Sarkozy. Le fameux journaliste et politicologue Alain Duhamel ne s’est pas offusqué non plus. Par contre, le Devoir met l’emphase sur les déclarations du député socialiste Pierre Moscovici et, pour rendre ce dernier crédible, le traite de modéré. À mon avis, il est loin de l’être… Il faut avoir suivi la campagne de Moscovici pour le poste de premier secrétaire du parti socialiste et l’avoir entendu déblatérer sur tout et rien contre la droite française, sans nuances, pour savoir que c’est une exagération mensongère.

Je remarque depuis quelques jours que mes concitoyens montréalais, à qui je parle de Sarkozy, ont été influencés négativement par ce qu’ils ont lu dans les journaux. L’article tendancieux du journal Le Devoir, de ce mardi, n’est pas là pour redresser ces fausses informations, au contraire il en ajoute. C’est un article trompeur et irresponsable qui ne fait que mousser une cause, l’antisarkozyisme.

Claude Dupras

lundi 13 avril 2009

Obama, le magnifique !

C’est au congrès démocrate de 2004 que j’ai vu et entendu, une première fois, Barack Obama, politicien de l’Illinois. Je ressens encore la bouffée d’air frais, émanant de son discours et de sa présence. J’en suis resté avec une impression positive indélébile. Son élection au sénat américain en 2006 m’a réjoui et l’annonce de sa candidature à la présidence des USA m’a surpris et épaté. Nonobstant le fait que mon favori, à ce moment-là, était le sénateur Joseph Biden du Connecticut et mon grand respect pour Hillary Clinton, j’ai, sur le coup, changé mon fusil d’épaule en faveur d’Obama. Je me suis inscrit sur son site comme ami et collaborateur et j’ai présenté sur mon site une rubrique sur l’évolution de sa campagne.

À ce moment-là, je n’aurais pas gagé un "vieux cinq cennes » sur sa victoire, mais qu’importe, je le voyais revenir à la charge plus tard, car j’estimais que cette primaire n’était pour lui qu’une première manche vers le pouvoir.

Surprise… Sa campagne du tonnerre a tout bouleversé et deux ans plus tard, il devint président américain avec un programme politique osé, s’adressant de façon réaliste aux vrais problèmes de son pays et du monde. Depuis, Obama ne cesse de m’émerveiller par son intelligence, son calme, sa dignité, son ouverture d’esprit, sa vision future pour son pays et pour nous, son sens d’organisation et son travail intense pour réussir.

Il a fait à ce jour un parcours impeccable. Guantanamo est fermée, la torture est bannie et ce sont maintenant les conventions de Genève qui sont suivies pour le traitement des prisonniers. Il a posé des gestes auxquels nous n’étions pas habitués depuis un bon moment, tels : sur l’avortement, la laïcité du gouvernement, la discrimination salariale, la couverture des soins de santé aux enfants, l’accord avec les États américains pour le combat contre les changements climatiques.

Il a vite réagi pour arrêter le tsunami économique américain qui risque de tout détruire sur son passage dans le monde entier. Il a été courageux en présentant un programme de stimuli importants et un budget au déficit-record. Il a dénoncé les banques, les salaires et les bonis exorbitants de chefs d’entreprises qui sont les premiers responsables de ce dégât. Il a mis au pas les fabricants d’automobiles américains et dénoncé leur laisser-faire.

Obama a tendu la main à l’Iran, à la Russie, à la Chine, à l’Inde, aux opposants du conflit israélo-palestinien et à d’autres. Il a surpris en modifiant de façon exceptionnelle la stratégie de l’Occident envers les pays musulmans. Il a éliminé du vocabulaire américain les mots « guerre de terreur ». Sa politique d’ouverture a changé la donne mondiale et son dernier voyage au G-20 et en Turquie a conquis les cœurs et les esprits des citoyens du monde. Il a mis en place un plan de retraite d’Irak de l’armée américaine. Il a appuyé l’OTAN de façon honnête et a lancé une nouvelle offensive en Afghanistan axée sur le militarisme, la diplomatie et l’aide humanitaire, tout en définissant une « porte de sortie » éventuelle pour son armée.

Il ne craint pas de blâmer les USA de certains actes passés tout en mettant les points sur les « i » en rapport avec des attitudes négatives envers les USA dans plusieurs pays. Il a salué l’Islam et l’a assurée qu’il n’y aurait jamais de guerre contre elle.

Sa politique est une cassure radicale avec celle de son prédécesseur. Par exemple, Obama a affirmé que la puissance des USA réside davantage dans ses devoirs moraux et ses règles de conduite avec les autres pays que dans sa force militaire. Il a ajouté de la civilité aux relations entre pays. Obama reconnaît l’importance et la puissance de l’Europe et ne craint pas de lui dire. De même pour la Russie, avec laquelle il a engagé des pourparlers pour réduire appréciablement le nombre de missiles atomiques. De là, il veut, avec l’ONU, entreprendre une des plus importantes missions, soit de nettoyer la planète de ses armes nucléaires.

De son côté, Michelle, son épouse, fait sa marque et impressionne. Belle, racée, intelligente, bien éduquée, elle sait aider, parler, appuyer et obtenir la confiance des gens qui la rencontrent. Elle sera une « first lady » hors pair. Quel couple merveilleux pour représenter le plus fort pays du monde !

Pendant ce temps-là, l’opposition républicaine est déroutée et modifie sa stratégie sans cesse. N’ayant pas de porte-parole, influencée par le « radio-man » d’extrême droite Rush Limbaugh et le canal télévisé FOX NEWS, elle hésite, trébuche et se cherche. Elle s’oppose unanimement à presque tout ce que propose Obama et en est rendue à le blâmer pour la crise économique. À ce rythme, ce n’est pas demain la veille pour ce parti.

Ce que je crains pour Obama, c’est qu’il s’engage sur trop de fronts en même temps. Il invoque l’urgence de redresser non seulement l’économie de son pays, mais aussi l’assurance-maladie, l’éducation, les infrastructures, l’immigration, les dépenses gouvernementales… Un peu à la Sarkozy. On voit ce que cela a donné pour le président de France qui, malgré sa bonne foi, ses nombreux discours et son travail intense, n’a pas réussi, à ce jour, l’implantation de ses réformes à la satisfaction des Français. Cela se mesure par le fait qu’il est actuellement au bas des sondages.

Ces leaders d’avant-garde, par trop énergiques, ne semblent pas connaître le dicton « Qui trop embrasse mal étreint ». J’espère que Sarkozy se redressera et qu’Obama apprendra de son collègue français comment ajuster son tir.

Encore aujourd’hui, Obama en a mis plus en respectant une autre de ses promesses électorales :-)... Il a introduit à la Maison Blanche le jeune chien qu’il avait promis à ses filles lors de la campagne pour se faire pardonner son absence prolongée de la maison. Cette décision ne risque pas de lui faire trop de tort, car la petite bête était attendue fébrilement par toute la population américaine. Elle aura au moins l’avantage de faire oublier momentanément aux Américains leurs problèmes quotidiens.

Claude Dupras

jeudi 9 avril 2009

La loyauté au parti

La stratégie politique du PM canadien Stephen Harper envers l’ex PM Brian Mulroney est surprenante. Il refuse à ses ministres de parler à l’ancien premier ministre et vient d’annoncer par la bouche de la présidente du Sénat Canadien, Marjorie LeBreton, choix révélateur et surprenant puisqu’elle a toujours été une des plus grandes admiratrices de l’ex PM, que Mulroney n’est plus membre du Parti Conservateur du Canada. Mulroney a vite dénoncé cette annonce en affirmant qu’il serait conservateur jusqu’à sa mort.

C’est suite à une affaire embrouillée de pots-de-vin avec un ex-lobbyiste que Mulroney se retrouve dans cette situation. Accusé d’avoir accepté des sommes d’argent durant son temps à la tête du Canada, Mulroney a nié cette insinuation mensongère mais a admis avoir reçu un « retainer » en argent comptant de ce lobbyiste, après avoir quitté son poste de PM, pour le représenter dans le développement de certaines affaires avec des gouvernements étrangers. Mulroney qui est avocat a rejoint son ancienne firme légale pour reprendre sa carrière professionnelle après sa vie politique.

Harper voulant à tout prix ne pas être éclaboussé par tout scandale ou pseudo-scandale a pris une position draconienne et vient de la reconfirmer. Qu’importe si le bilan des gouvernements Mulroney est fort important et a fait avancer le Canada à grand pas ! Qu’importe si Mulroney a œuvré comme pas un pour l’unité Canadienne ! Qu’importe si Mulroney a introduit le libre-échange avec les USA et le Mexique et créé ainsi des milliers d’emplois au pays ! Qu’importe si Mulroney a remporté pour son parti deux majorités électorales dont la plus grande depuis la création du Canada. Qu’importe si… cela ne compte pas. Ce qui est important pour Harper, c’est son image politique. La loyauté, la reconnaissance, le respect ne sont pas, quant à lui, des qualités nécessaires pour un chef politique.

Lorsque j’ai entendu la fausse nouvelle à l’effet que Mulroney n’était plus membre du parti Conservateur, cela m’a réjoui. En effet, je ne vois rien dans les politiques de droite, qui frisent l’extrême-droite, du Parti Conservateur du Canada d’aujourd’hui qui encourage des progressistes comme Mulroney à appuyer ce parti. D’ailleurs, le parti qu’a dirigé Mulroney se nommait Le Parti Progressiste-Conservateur du Canada. J’ai toujours été un progressiste et c’est pourquoi je m’oppose, depuis près de deux ans, à certaines politiques de ce chef et de ce parti qui, à mon avis, nous amènent dans une voie qui n’est pas dans le meilleur intérêt du Canada.

Je ne veux pas reprendre ici tous les arguments que j’ai énoncés dans plusieurs de mes blogs, depuis ce temps, contre ces politiques conservatrices mais simplement exprimer l’opinion que l’on ne peut demeurer membre d’un parti toute sa vie, advienne que pourra ! Je suis plus âgé que Mulroney de quelques années et j’ai été membre et adepte de ce parti depuis mes 18 ans. Probablement plus longtemps que lui. Les politiques actuelles de ce parti m’ont poussé à devenir indépendant.

J’aurais cru que Mulroney aurait dénoncé quelques unes des positions extrêmes du PC. Mais, malgré la façon injuste et cavalière avec laquelle on le traite aujourd’hui, il continue à démontrer une loyauté sans borne envers son parti. Pour lui, la loyauté a toujours été un facteur primordial dans sa vie. C’est impressionnant, mais je crois qu’il rendrait un meilleur service à ses concitoyens en s’exprimant sur certaines politiques idéologiques du PC.

Claude Dupras

dimanche 5 avril 2009

Favoritisme à Montréal ?

Depuis que Frank Zampino, l’ex-président du comité exécutif de la ville de Montréal, a quitté son poste, plusieurs révélations sérieuses sur ses décisions du temps de son mandat, particulièrement en rapport avec l’octroi de contrats forts importants, font en sorte que les Montréalais et Montréalaises découvrent brusquement que les décisions de Zampino peuvent avoir été colorées de favoritisme.

La ville de Montréal a octroyé récemment le plus gros contrat de son histoire pour l’installation et l’entretien de compteurs d’eau dans les secteurs industriel, commercial et institutionnel ainsi la réalisation de nombreuses chambres de contrôle sur le réseau de distribution. La firme Pricewaterhouse, une des plus compétentes firmes mondiales en administration des affaires, dans son rapport à la ville pour l’établissement d’une stratégie financière de l’eau à Montréal en 2003 avait établi à 200 millions de $ le coût total du projet. Le contrat octroyé pour la réalisation de ce projet et signé en février 2008 avec la firme GénieEAU a été accordé pour un montant de 355 millions de $. Un dépassement de 77,5%. Face à ces chiffres surprenants, les experts sont perplexes et se grattent la tête !

GénieEAU est un groupe créé pour ce projet par DESSAU, une firme d’ingénieurs conseils de Laval reconnue à l’international, et la compagnie Simard-Beaudry Inc. spécialisée dans la construction de routes et de travaux publics. J’ai été pendant deux ans administrateur de cette dernière compagnie créée par les frères Simard d’Abitibi et je connais bien ses capacités et sa feuille de route. Depuis 1999, la compagnie appartient à Tony Accurso, ami de Frank Zampino.

Le seul autre groupe qui a présenté une soumission pour cet important projet est celui de Génie-Conseil SM et de la compagnie de l’entrepreneur en construction générale Frank Catania, aussi ami de Frank Zampino.

Un autre groupe avait été qualifié pour présenter une offre à la ville. C’était celui de SNC-LAVALIN, firme de Montréal parmi les plus importantes de génie conseil au monde et de la compagnie Gaz-Métro qui distribue le gaz naturel au Québec. À la surprise de tous, ce groupe fort important s’est désisté à la dernière minute et n’a pas présenté de soumission. Cela m’a surpris puisque ce gros contrat était dans la cour de SNC-LAVALIN alors que cette firme se bat constamment comme un déchaîné pour obtenir des contrats dans le monde entier. On peut se poser la question : pourquoi SNC-LAVALIN et Gaz Métro ont-ils finalement décidé de ne pas présenter de soumission ?

Pour un autre important projet, Faubourg Contrecoeur, dans l’est de Montréal, c’est l’entreprise de Frank Catania qui a obtenu le contrat du comité exécutif de la ville de Montréal pour la réalisation complète. Depuis, Catania a acheté le terrain d’une société municipale de la ville à un prix dérisoire, par rapport aux estimés des évaluateurs de la ville, et réalise cet important projet d’habitations. Par hasard, l’autre proposant pour cette demande de soumission, et qui n’a pas été retenue pour le contrat, était la compagnie de Tony Accurso.

Accurso et Catania se partageaint un grand nombre de contrats à la ville de Montréal du temps de la présidence du comité exécutif de Frank Zamino. Depuis, ce dernier a démissionné et à peine quelques mois après son départ, est devenu le no. 2 de la firme DESSAU à un salaire qualifié de fort exorbitant par les dirigeants d’autres bureaux de génie-conseil. De plus, l’ingénieur de la ville responsable du dossier des compteurs d’eau a démissionné et est passé, quelques semaines plus tard, au service de Simard-Beaudry. Un troisième fonctionnaire, aussi impliqué dans ce contrat pour la ville, vient de faire de même et est passé chez DESSAU. La ville perd ainsi ses meilleurs experts dans le domaine de l’eau.

Hier, le journal La Presse a confirmé que Tony Accurso, propriétaire d’un yacht de 36 mètres a invité Frank Zampino à deux croisières dans les Îles Vierges en pleine période de soumissions du projet et avant que le contrat soit octroyé. Zampino a accepté chaque fois.

Durant ma longue carrière d’ingénieur-conseil, j’ai appris à reconnaître que les entreprises italiennes montréalaises dans la construction sont forts compétentes et cela dans toutes les spécialités. Je ne dis pas que les entreprises de Catania et d’Accurso ne le sont pas, au contraire je crois qu’ils ont l’expertise et l’organisation pour mener à bien les contrats qu’ils ont obtenus. La question n’est pas là. La ville a-t-elle usé de favoritisme?

Le maire de Montréal, membre du comité exécutif, qui a nommé Zampino à son poste de président de l’exécutif et qui participé à toutes les discussions et les décisions en rapport avec le projet des compteurs d’eau et du Faubourg Contrecoeur, affirme ne pas être au courant de toutes les révélations journalistiques. Il cherche à nous faire croire, par ses déclarations, qu’il s’est fait avoir. C’est difficile à croire !

Les prochaines élections de Montréal seront en novembre prochain. Il est important que la lumière soit faite sur les faits qui sont soulignés dans les journaux. Je ne crois pas qu’une enquête publique soit de mise en ce moment-ci, mais je pense que le ministère des Affaires Municipales du gouvernement du Québec, doit mandater un comité composé de trois personnes compétentes et indépendantes pour analyser les faits qui sont révélés, poser les questions, vérifier les dossiers et faire rapport à la population de leurs constatations et de leur analyse. Si tout à été fait selon les règles de l’art, tant mieux.

Mais si le favoritisme existe ou a existé à la ville de Montréal, il faut le savoir car il résulte dans des injustices et des frais exorbitants pour les contribuables montréalais.

Claude Dupras