La
fascination que nous démontrons pour la génération Y, les « Millennials »,
est surprenante et remarquable. Jamais, avons-nous examiné et critiqué une
autre génération comme celle-là. Je l’ai décrite dans mon dernier blog
« Les Y : les citoyens du monde » et on a compris que ces
individus multitâches ont des façons plus efficaces et plus rapides que leurs
prédécesseurs pour accomplir leur travail. Intelligents, optimistes, sûrs
d’eux, expressifs, esprits ouvert et créatif, ils font leur marque partout au
monde même s’ils changent d’emploi souvent.
Voilà
pourquoi l’intérêt se porte de plus en plus sur la génération suivante, la Z de
1995-2010, dont les premiers arrivants ont aujourd’hui 20 ans.
Qui est et
sera la Z ? Elle n’est pas la génération Y, version 2. Elle comprendra éventuellement
deux milliards d’individus de la planète, dont le quart de la population
nord-américaine. Elle compte actuellement 20 millions de jeunes aux USA et 7 millions
au Canada qui sont sur le point de prendre d’assaut notre monde. Elle ressemble
à l’Y dans la maîtrise des technologies et son désir d’engagement social, mais
déjà on voit que ses motivations, ses aspirations ou ses façons de travailler
sont différentes car elle est plus ambitieuse que « les
Millennials ».
Depuis sa
naissance, la Z a toujours connu les technologies d’information et de la
communication.
La Z est née
après la chute du mur de Berlin, n’a connu que la démocratie et a grandi avec :
la tragédie du 11 septembre 2001, les critiques de la guerre d’Irak, les débats
sur les changements climatiques et une longue et difficile récession en toile
de fond. Elle n’a connu qu’un monde en lutte avec le terrorisme. Elle est née,
vit et vivra avec Internet. Elle a eu dès son enfance, en sa possession
personnelle, des outils informatiques, ordis, GPS, téléphone intelligent avec
accès internet pour lesquels elle a une connaissance intuitive et complète.
Elle ne conçoit pas vivre sans ces technologies comme les générations
précédentes. Elle sera aussi celle des infos en ligne : les blogs, le partage
de vidéos, les quotidiens… En somme,
l’internet est son deuxième langage.
La Z exprime
son individualité dans le collectif. Présente dans les réseaux sociaux dès son
plus jeune âge, elle gère sur le web sa capacité d’influence.
La Z a vu
ses parents connaitre des situations financières difficiles et cela l’a éduquée
et la rendue entreprenante, collaboratrice et prudente, C’est la raison pour
laquelle elle veut régler les problèmes et changer le monde. Elle rêve de construire
ses propres entreprises, être bénévole dans ses communautés, obtenir l’égalité
des sexes et faire la différence. Elle consomme moins d’alcool et de drogue que
ses ainés.
Plusieurs la
surnomment : la « nouvelle génération silencieuse » comparable à
celle de votre humble serviteur des années 1925-1945 parce qu’elle a un intérêt
pour la cuisine, évite d’acheter des produits tout faits et veut revenir à une
alimentation saine. Elle économise beaucoup plus son argent, compare les prix,
a une connaissance innée du système de marketing. Elle est tolérante quant aux
cultures et aux religions. L’injustice est inacceptable pour elle. Elle est
individualiste, veut réussir et ne compte que sur elle-même. Elle est
autodidacte et si elle ne comprend pas un exercice en classe, elle va aller sur
internet pour se le faire expliquer différemment. Elle fait plus confiance aux
personnes dans son réseau numérique qu’aux membres de sa famille.
Elle veut
gagner sa vie en réparant la planète alors que les générations précédentes ont
gagné la leur en l’exploitant ? Concernée par l’économie, l’environnement et
l’impact de l’activité humaine sur la planète, elle ne travaille pas plus fort
pour avoir plus d’argent mais pour avoir de meilleures possibilités
d’avancement professionnel pour faire mieux.
Les réseaux
sociaux sont le moyen de communication de la Z et non le web comme la Y. Elle
est hyper connectée et les applications sont ses outils. Les téléphones
intelligents sont pour son usage courant et le divertissement sur demande est
sa norme. Sa consommation d’internet est plus sélective qu’intensive et est
utilisée pour réaliser des choses et non pour se montrer ou collectionner des likes. Elle préfère créer que copier.
L’image et
non l’écrit est son mode de communication privilégiée et elle aime les apps comme Instagram. Plus conscients d’eux-mêmes, les Z migrent vers des plateformes
discrètes et éphémères comme Snapchat pour
mieux protéger leur vie privée.
La Z préfère
les gens d’influence aux célébrités et continue ainsi la tendance débutée par
la Y. C’est la fin des stars d’Hollywood, mais la montée des stars-YouTube, le
réseau social no. 1 des Z.
Cette
génération construit, produit ses vidéos, Même si elle reconnait que la
technologie est un outil utile dans son travail, elle considère que cette
dernière est aussi une distraction et, par conséquent, elle utilise moins
Facebook, écrit moins de courriels que la Y, mais partage plus de photos et vidéos
que cette dernière. Une enquête américaine vient de démontrer que la Y passe
50% de son temps libre à acquérir de nouvelles connaissances comme le design,
la production vidéo, et le développement d’applications. Pourquoi ? Pour créer
éventuellement son entreprise ?
La Z préfère
agir que regarder et est fortement réaliste. Son niveau de responsabilité
sociale est basé sur le mot « nous » et elle trouve important que
l’organisation pour laquelle elle travaille redonne à la communauté en créant
de nouveaux emplois localement ou autrement.
Débrouillarde,
pragmatique, autodidacte, entrepreneure et passionnée dans son métier, elle est
centrée sur la collaboration et la coopération. Mais elle manque
d’organisation.
Ses jeunes
travailleurs veulent trouver leur emploi de rêve en travaillant. Ils veulent
être dirigés par un leader honnête qui communique bien. Ils désirent travailler
pour une entreprise socialement responsable qui leur permet d’œuvrer sur des
projets significatifs et dont le milieu de travail favorise la diversité des
spécialisations professionnelles, la représentation des deux sexes, l’accueil
de gens provenant d’ethnies et d’horizons différents, les religions et l’ouverture
aux personnes LGBT.
Les Z
veulent de la flexibilité au travail et espèrent que leur employeur leur en
offre car ils croient en avoir besoin pour réussir. Mais ils veulent surtout un
supérieur, un mentor, qui les encadre et qui leur donne régulièrement de la
rétroaction. Ils lui seront ainsi plus fidèles. Ils resteront longtemps à
l’emploi de son organisation s’il leur montre les avenues possibles dans le
futur pour leur carrière, s’il maintient un dialogue ouvert, si son entreprise
est consciencieuse et active sur le plan social, s’il reste en tout temps à
l’affût de nouveautés technologiques et s’il sollicite leur participation dans
les discussions sur la technologie.
En général,
la génération Z a besoin de souplesse, de pouvoir contribuer aux résultats,
d’exploiter son côté entrepreneur, d’avoir des occasions pour créer, de
participer à des programmes de formation axés sur sa compétence, d’être maître
de son espace et de ses habitudes, d’être occupée.
Par ailleurs,
travailler en s’amusant lui est important et elle veut s’accorder du temps pour
ses loisirs et souhaite laisser une place à sa vie privée. Elle fuit la
sévérité et les ordres. Elle réclame la confiance, l’écoute et la patience.
Attachée à
son téléphone intelligent, sa tablette ou autres appareils, la Z nous surprend
puisqu’elle accorde plus d’importance à la communication en personne que la Y.
Elle préfère le dialogue. De même, elle accepte mieux l’influence de ses
parents que les générations précédentes.
Sa façon de
vivre est la prise de risque. Elle a acquis une certaine solidarité et une
certaine aptitude à faire face à la critique suite à son surfing sur les réseaux sociaux. Pour elle, se tromper est normal
et elle ne diabolise pas l’échec. Elle est généreuse et a envie de partager.
Elle est curieuse et attirée par de nouveaux centres d’intérêt. Par contre, sa
difficulté est dans des raisonnements en profondeur.
Néanmoins,
elle arrive sur le marché du travail au moment où l’économie se numérise. Elle
aura donc toutes les cartes en main pour inventer de nouvelles méthodes de
travail sous des dirigeants qui, elle l’espère, s’harmoniseront avec sa manière
d’être.
Dans les 10
prochaines années, la Z veut être mariée, avoir obtenu une stabilité financière
et sécuriser son emploi de rêve.
Le Financial Times a posé la question : « Generation Z, the world’s saviours ? »;
ajoutant : « My generation is
leaving them in a mess. These kids are going to have to save the world
literally »; et il explique : « We
have seen more than a decade of hand-wringing over declining attention spans,
eroding social skills, online bullying and sexting, along with the worry that
communicating in short bursts and emoticons deadens the brain’s ability to think
in complex ways. There’s also the debate raging over the elimination of cursive
writing from many schools, and charges that the decline in traditional forms of
learning such as memorization and rote signals a drop in standards ».
(Traduction): « La génération Z, les sauveurs du monde.
Ma génération leur laisse un monde en désordre. Ces enfants auront à sauver
littéralement le monde. Nous avons vécu plus d’une décennie où le temps d’attention est
en déclin, les compétences sociales sont en érosion, l’intimidation est enligne et des texto avec commentaires
sexistes se répandent. Nous sommes inquiets de constater que les communications
par courtes rafales et par émoticônes amortissent mortellement les habilités du
cerveau de penser de façon complexe. Il y a aussi le débat qui fait rage sur
l’élimination de l’écriture cursive dans plusieurs écoles, des plaintes du
déclin dans les formes traditionnelles d’apprentissage de l’éducation, telle la
mémorisation, et des signaux de la baisse de la diminution des normes ».
La
génération Z sauveur du monde ! Cela semble être son destin !
Claude
Dupras